vendredi 23 septembre 2016

A moi seul bien des personnages de John Irving.





De plus en plus d'auteurs s'attaquent à des thèmes autrefois tabous, mais pour l'amateur de livres un peu difficile quand à la qualité de ses lectures, la beauté de la plume n'est pas toujours au rendez-vous.
Alors un auteur américain majeur & contemporain qui traite de bisexualité, de transidentité, le tout dans une plume sans concession ?

C'est toute une vie que contient ce roman. Une vie qui a d'ailleurs bien des points communs avec celle de l'auteur, sans que jamais le lecteur sache où est la limite exactement entre la réalité de John Irving et la fiction de Billy, notre narrateur.
Celui-ci, tournant autour des soixante dix printemps, revient sur toute son existence, depuis son enfance dans un trou paumé du Vermouth, à admirer son grand-père directeur de scierie brûlant les planches dans les rôles de femmes, jusqu'à l'épidémie du Sida qui ravagea la communauté gay. On y découvre les difficultés d'une jeune bisexuel pour se comprendre, puis s'accepter, et se faire accepter, autant de sa mère, de sa famille, que plus tard de ses compagnons et compagnes. Pour ses liaisons masculines, il est un gay à moitié dans le placard, et ses liaisons féminines n'ont pas l'air bien rassurées non plus !
Le genre et la littérature se croisent et se mélangent, les deux thèmes qui corsètent le roman et lui donnent son souffle. Amateur de théâtre, Billy adolescent fait partager au lecteur tout autant son admiration pour les personnages de femmes chez Ibsen, ses opinions sur Caliban et sur le genre d'Ariel dans La Tempête, son amour pour la mystérieuse bibliothécaire ou son très dangereux béguin pour le plus beau lutteur du lycée, son ange terrible, dont l'image le poursuivra toute sa vie.
Ce n'est pas un livre très gai : sans même parler des années sida, où le narrateur va voir disparaître tant d'amis et d'amants, c'est un homme qui ne saura jamais se contenter d'une seule personne bien longtemps et chez qui on sent la nostalgie de rester auprès d'un amant ou d'une maîtresse aussi longtemps que  de son amie de coeur et d'enfance, Elaine.
C'est un très beau livre, triste ou pas, qui sait aussi faire partager tout à la fois son amour des lettres que son ode à la tolérance, et les dernières scènes, avec ce narrateur vieillissant devenu mentor, sont très touchantes.
Un seul petit reproche, un esprit chagrin pourrait lui trouver une ou deux longueurs et répétitions, et quelques traits forcés, mais on les pardonne bien vite face à tant de talent !

Et si cela vous donne le goût de John Irving, Pandora tient à vous recommander aussi, L'oeuvre de Dieu, la part du Diable, un magnifique roman sur le thème de l'avortement, entre autre. 

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