samedi 27 février 2016

Interview du mois de l'amour : @ValeryKB_HopeT 2/2

- Je te connais depuis plusieurs années. Au début, je ne te connaissais écrivant que du M/M. Depuis, tu as intégré à ton arc des récits F/M. Est-ce qu'il est d'actualité que tu t'essayes au F/F ?

Un jour, ce serait sympa que je fasse un vrai F/F, en effet. Actuellement, j’en ai quand même commis, mais de manière toujours plus suggérée ou annexe qu’autre chose : j’ai une nouvelle très courte avec un couple F/F mais qui a une histoire avec un autre homme, donc on est plus dans un F/M/F, j’ai aussi une autre nouvelle avec une femme en couple F/F qui a un rapport M/F mais le récit est axé sur ce rapport M/F, et dans le M/F que j’écris actuellement je prévois un F/F à un moment donné. Mais bon, ce n’est jamais la relation prioritaire. J’ai des idées de F/F, sinon. Il faudrait juste que je me lance.

- Tu as un nouveau projet "We need more safe sex", avec Magena Suret. Est-ce que tu peux nous expliquer comment est apparu ce projet et en quoi il consiste ?

En fait, ça faisait un moment (mais ça datait déjà de l’époque de la fanfiction) qu’on se lamentait de ces rapports sexuels si fréquents dans la romance et l’érotique dans lesquels les personnages font tout sauf se protéger. Et puis, à force d’en discuter, on s’est rendu compte qu’on n’était pas si peu nombreuses à être intéressées par ce sujet, qu’en parler pouvait faire changer les choses et que… oui, trouver un endroit pour mettre en avant ce sujet et tout simplement faire savoir qu’il existe des personnes pour qui c’est important pouvait être bien. En pratique, on a donc ouvert un blog pour recenser des articles, mais aussi des extraits (les auteurs ne savent parfois tout simplement pas comment aborder ces sujets, donc les exemples peuvent les aider) et également des témoignages d’auteurs et de lecteurs. On y parle prévention des maladies et infections sexuellement transmissibles mais aussi du sujet du consentement, des précautions et règles dans un rapport comme le BDSM… le tout appliqué à la littérature, bien sûr. Et ce blog est soutenu par une page facebook, un compte twitter, et également un groupe facebook pour accueillir les conversations et échanger sur ces sujets aussi, parce que c’est avant tout un mouvement qui passe par l’échange et la communication (et si vous voulez nous soumettre des idées, extraits, articles et/ou témoignages, ça nous intéresse !).

- Si tu devais donner un conseil pour avoir plus de "safe sex" dans les écrits fictionnels, quels seraient-ils ?

Je dirais tout simplement de respecter la réalité. Pour les auteurs : si vous écrivez un jour l’histoire de deux personnes se droguant, les ferez-vous s’échanger la même seringue sans qu’à aucun moment ils ne songent aux risques qu’ils prennent ? Si la réponse est « non », si vous vous dîtes que ça vous ferait tiquer de lire ça dans un roman, ne faîtes pas la même chose par rapport aux rapports sexuels. Personne ne vous demande de n’écrire que des personnages parfaits qui se protègent idéalement en toutes circonstances. Ne faîtes juste pas d’un comportement dangereux une norme et, pire, un idéal dans lequel vous invitez vos lecteurs à se projeter.

- Ton projet "we need more safe sex" est inspiré du projet américain "we need diversity book". Certains auteurs pensent que ce n'est pas nécessaire d'avoir des personnages qui ne soient pas blancs, hétéro et cis, d'autres que ce sont des contraintes inutiles car ils jugent la personne blanche hétéro cis comme étant une représentation universelle de l'être humain et d'autres, enfin, jugent que c'est absolument essentiel pour que tous puissent s'identifier, se reconnaitre dans les oeuvres de fiction. Qu'en penses-tu, personnellement ?

Je pense que c’est un modèle qu’on essaye de nous imposer mais face auquel on est obligé de constater que, non, ça ne marche pas ainsi. Le masculin nous est présenté comme une norme universelle et pourtant, non, quand plus de 50% des élèves sortant d’un bac scientifique sont des filles, elles ne sont plus qu’une minorité à exercer ensuite dans des métiers scientifiques, donc on devrait se poser des questions quant à ces processus d’identification. Inconsciemment, on s’identifie tous à des personnes qui nous ressemblent et force est de constater qu’en littérature, un petit enfant à la peau noire aura peu de héros auxquels s’identifier, les héroïnes capables de se sauver elles-mêmes voire de sauver les autres sont peu nombreuses, les personnes LGBT ont très souvent des caricatures d’elles-mêmes auxquelles se confronter. Ce mouvement est très bon pour permettre de se rendre compte que la norme qui nous est présentée n’en est pas forcément une pour tous. En tant qu’auteure, en tout cas, ça me fait réfléchir et j’aimerais aussi œuvrer à encore plus de diversité.

- Enfin, pour finir, parlons de rêves d'auteurs. Si tu devais avoir un rêve fou en terme d'écriture, un rêve que tu penses impossible à réaliser, lequel serait-ce ?


Écrire un bouquin tellement génial, des personnages tellement géniaux, un univers tellement passionnant, qu’ils donneraient envie d’écrire dessus des fanfictions et continueraient ainsi à vivre par eux-mêmes. Ça, ça serait vraiment un rêve !

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